De temps en temps, il convient de regarder dans le rétroviseur, c’est ce que nous proposons à travers cette exposition du photographe Christophe Esnault : jeter un bref (mais intense) regard sur les dernières éditions (2016-2021) du festival Jazz de Mars.

Or en matière de jazz, une exposition de photos c’est le plus souvent, il est vrai, une galerie de portraits mais n’est-ce pas déjà un plaisir réel de retrouver tel musicien ou musicienne  vu(es)  en concert ? S’y ajoute ici une volonté, du fait du cadrage retenu, de chercher à entrer dans une intimité qui est celle de la création improvisée, de capter un instant d’intensité que même les auditeurs qui assistent aux concerts ne peuvent pas toujours percevoir. Question de distance, question d’attention, question de disponibilité et d’empathie : c’est donc là qu’entre en jeu le photographe.

Son regard dévoile ainsi un ensemble d’expressions qui montrent l’authenticité de chaque artiste et qui indiquent le sérieux de l’affaire quand il s’agit de jouer. Tant de temps pour apprendre à produire la note parfaite au moment où elle brillera le mieux, c’est ce que disent tous ces regards (même s’il arrive que les yeux soient fermés ou cachés derrière des lunettes), ce que disent toutes ces expressions de bonheur, de douce souffrance, de plaisir.

A travers cette gamme (voire cette grammaire) d’expressions, on part à la recherche de la note inspirée, de la note sophistiquée ou enveloppée, de la note bleue ou simplement de la note partagée, qui est sans doute la plus belle de toutes.

L.Giraudo